Jean-Pierre Giess
Les formes longues du Covid concerneraient, d’après l’OMS, entre 10 et 15 % des personnes infectées, et près de 30 % des malades ayant fait un Covid sévère. Si les symptômes communs du Covid disparaissent généralement au bout de deux à six semaines, une partie des malades continue de présenter certains symptômes pendant des semaines, voire des mois, après l’infection initiale : fatigue persistante, perte de l’odorat et du goût, essoufflement, céphalées, douleurs diffuses, troubles cardiaques, pertes d’équilibre, difficultés de concentration, troubles de la vision, anxiété, dépression…
Une équipe internationale propose un éclairage nouveau sur cette persistance jusqu’ici inexpliquée des symptômes du Covid long : elle constate que deux tiers des 185 patients de son étude souffrant de Covid long présentent une réactivation du virus d’Epstein-Barr , possiblement liée à la réponse inflammatoire induite par l’infection au SARS-CoV-2. Alors que cette proportion n’est que de 10 % chez les patients Covid ayant récupéré normalement. Les auteurs suggèrent, sur la base de leurs travaux, que les formes longues du Covid pourraient en réalité résulter davantage de cette réactivation du virus d’Epstein-Barr qu’être imputables au seul SARS-CoV-2.
Une étude précédente supputait déjà, en 2020, qu’il était envisageable qu’un autre virus, le cytomégalovirus , interfère avec l’infection au coronavirus en détournant notamment la réponse immunitaire et en favorisant une situation inflammatoire systémique.
Le traitement du Covid long, une situation très handicapante, passera-t-il dès lors par des médicaments antiviraux spécifiques à ces co-infections par herpèsvirus ?
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Références :
« Investigation of long Covid prevalence and its relationship to Epstein-Barr virus reactivation », Pathogens, juin 2021.
« The ancient and the new; is there an interaction between cytomegalovirus and Sars-Cov-2 infection? », Immunity & Ageing, mai 2020.