Clara Delpas
La Haute autorité de santé ne s’y était pas trompée : le 9 décembre 2021, son avis négatif avait conduit la France à annuler la commande de 50 000 doses de Molnupiravir (1) passée par l’optimiste ministre de la Santé de l’époque, Olivier Véran…
Le Molnupiravir n’a jamais été autorisé en France ni en Europe, l’Agence européenne du médicament ayant elle aussi refusé de lui délivrer l’autorisation nécessaire. Mais il a été largement diffusé, notamment aux USA, au Royaume-Uni et dans le reste du monde. Il a ainsi rapporté près de 1 milliard de dollars en 2021, et près de 6 milliards de dollars, en 2022, aux laboratoires Merck qui le distribuent sous le nom de Lagevrio. Il est même recommandé par l’OMS depuis mars 2022, alors même que la parution des résultats définitifs des essais cliniques montrait, dès décembre 2021, qu’il était peu efficace à réduire les risques d’hospitalisation ou de décès. Nous soulignions déjà à l’époque les dangers liés à l’utilisation de ce nouveau médicament. Et à raison semble-t-il puisqu’une étude parue dans Nature suggère aujourd’hui que le Molnupiravir peut être responsable de l’apparition de nouveaux virus mutants.
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Cet antiviral fonctionne sur le mode de l’« erreur-catastrophe » : pour éliminer le virus, le Molnupiravir lui transmet des informations erronées lors de sa réplication. On a supposé ainsi qu’à force d’erreurs, et au bout d’un certain nombre de réplications, le virus finit par ne plus pouvoir se reproduire du tout dans l’organisme, ce qui conduit à sa disparition.
Or, des chercheurs britanniques et sud-africains, en analysant Gisaid, la base de données de séquençage du virus du SARS-Cov2, que certaines mutations du Covid-19 nouvellement apparues au cours de l’année 2022, pourraient bien être liées aux prescriptions de Molnupiravir, survenant dans les seuls pays où ces dernières ont eu cours (plus de 600 000 au Japon, de 380 000 en Australie, de 30 000 au Royaume-Uni et de 240 000 aux USA !). Ces mutations sont, comme le notent les chercheurs, absentes dans les pays où le médicament n’a pas été prescrit, et notamment en France et au Canada.
Le molnupiravir pourrait-il conduire à l’émergence de nouveaux variants transmissibles du SARS-Cov2 ? Le laboratoire Merck a déjà réfuté les conclusions de l’article, au motif que la transmission de ces variants n’était pas documentée par les auteurs... Espérons que le petit surnom affectueux que nous lui avions donné à l’époque ( « Molnu-pire à venir ») ne soit pas prémonitoire !