Accueil Actualités Le cannabis médical : un potentiel atout dans la gestion des douleurs dû au cancer
Le cannabis médical : un potentiel atout dans la gestion des douleurs dû au cancer
Alors que l’expérimentation du cannabis médical en France est toujours en cours, une étude israélienne met en lumière le potentiel du cannabis thérapeutique dans le traitement de la douleur et d'autres symptômes influençant la qualité de vie des patients atteints d’un cancer.
La pertinence du cannabis médical, contenant à différents taux du CBD (molécule non psychotrope), du THC (molécule psychotrope) et d’autres cannabinoïdes, est aujourd’hui débattue aussi bien par la communauté scientifique que par les législateurs dans de nombreux pays. Cependant, certains parmi ces derniers, comme l’Allemagne (2016) ou l’Italie (2013), ont déjà sauté le pas et autorisent depuis plusieurs années l’utilisation de cannabis médical dans l’accompagnement thérapeutique de certaines pathologies. En France, une expérimentation menée par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), devant rassembler 3 000 patients, est en cours depuis 2021.
Tout comme chez nos voisins, seules quelques indications thérapeutiques ont été retenues : douleurs neuropathiques réfractaires aux thérapies accessibles (médicamenteuses ou non), certaines formes d’épilepsie sévères et pharmacorésistantes, spasticité douloureuse de la sclérose en plaques ou des autres pathologies du système nerveux central, situations palliatives, et enfin certains symptômes rebelles en oncologie – liés au cancer ou à ses traitements (dont les douleurs). C’est sur cette dernière indication qu’une équipe scientifique israélienne a décidé de se pencher. « Notre étude a pour but d’évaluer les avantages possibles du cannabis médical pour la douleur liée au cancer chez les patients en oncologie, en recueillant des informations dès le début du traitement, et avec des suivis répétés pendant une période prolongée, pour obtenir une analyse approfondie de son efficacité », explique David Meiri, professeur adjoint au Technion - Israel Institute of Technology et chercheur principal de l’étude.
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Le cannabis en remplacement des opioïdes ?
L’étude a ainsi porté sur une cohorte de 324 patients suivant un traitement mensuel de 20 g de cannabis médical (généralement sous forme d’huile sublinguale) avec des proportions de CBD/THC différentes et adaptées individuellement. Seules 126 personnes sont allées au bout des six mois fixés par l’étude, les autres patients ayant été perdus de vue – ou ils sont décédés – (17 %), arrêté le traitement pour cause d’inefficacité (7 %) ou subi des effets secondaires (11 %).
L’analyse des données, basée sur des questionnaires et sur les retours des oncologues, a finalement révélé un impact positif du cannabis médical contre la douleur, mais également contre d’autres symptômes du cancer liés à la qualité de vie. Ainsi, les chercheurs ont observé une baisse médiane de 22 % des niveaux d’anxiété, de 12 % de la gravité de la dépression et de 18 % des scores d’évaluation de la douleur. Enfin, le score de qualité de vie s’est amélioré de manière significative (14 %) ainsi que l’appétit des participants. En outre, il a été constaté une amélioration de la fonction sexuelle pour la plupart des hommes, mais une détérioration pour la plupart des femmes.
Cette amélioration – presque – générale de certains symptômes cancéreux, et notamment de la douleur, a poussé 40 % des participants, consommant des médicaments antalgiques, à arrêter la prise d’opioïdes. Une véritable réussite pour le Pr David Meiri : « Traditionnellement, la douleur liée au cancer est principalement traitée par des analgésiques opioïdes, mais la plupart des oncologues perçoivent le traitement opioïde comme dangereux, de sorte que découvrir des thérapies alternatives est nécessaire. »
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Le cannabis médical, pas pour tout le monde
Si ces résultats semblent positifs, l’équipe reste prudente et souligne les limites de ses analyses. En effet, le traitement par cannabis médical n’a pas été aussi efficace pour réduire l’intensité de la douleur chez tous les patients : 25 % d’entre eux ont par exemple signalé une augmentation de l’intensité de cette dernière et 20 % ont commencé à prendre des opioïdes à la fin de l’étude. Ainsi, même si l’explication par l’effet placebo a été écartée par les scientifiques du fait de la longueur de l’essai (six mois), la généralisation de la prescription n’en va pas pour autant de soi : « Il semble que le traitement par cannabis médical soit sûr pour les patients oncologiques, mais son efficacité et sa pertinence clinique pourraient être limitées. Ainsi, les oncologues devraient examiner attentivement les avantages possibles du traitement par cannabis médical pour leurs patients avant de le prescrire. » L’expérimentation française du cannabis médical prendra fin, elle, en 2023.
Références :
En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Alternative Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé
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