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Déprime et dépression : quelle plante choisir ?
Alors que nombre d’antidépresseurs sont pointés du doigt pour leur manque d'efficacité ou pour leurs effets indésirables, voici une liste non exhaustive de plantes reconnues pour leurs propriétés antidépressives, anxiolytiques ou antistress avec leurs spécificités et leurs précautions d'usage.
La dépression se caractérise par un état dit "dysphorique". Ce mal-être peut se manifester par de la mélancolie, un état de tiraillement, une irritabilité diffuse ou encore une perte d’engouement pour les activités procurant du plaisir (sexualité, sorties entre amis…). Pour être défini comme une dépression maladive, cet état doit être persistant.
Les neurotransmetteurs, au coeur du problème ?
La dépression est due à des interactions complexes entre des facteurs sociaux, psychologiques et, bien entendu, biologiques. Parmi, ces aspects biologiques, l’éclairage a longtemps été mis sur l’équilibre de certains neurotransmetteurs, des petites molécules par lesquels transitent les messages nerveux. Il en existe plusieurs types, mais le plus incriminé dans la dépression est la sérotonine, suivi par la noradrénaline et parfois la dopamine.
Ils sont en théorie libérés par l’extrémité d’un neurone dans la fente synaptique et s’accrochent ensuite aux récepteurs du neurone voisin. Ils sont ensuite inactivés par une enzyme, la monoamine-oxydase, et/ou recapturés au niveau du premier neurone. La théorie classique pendant longtemps été que chez les patients dépressifs, ils sont produits en faible quantité et recapturés trop rapidement : le message nerveux ne passe pas correctement, si ce n’est pas du tout.
Trois grandes classes d’antidépresseurs sont prescrits par la médecine 1.
Les IMAO, ou inhibiteurs de la monoamine-oxydase. Comme leur nom l’indique, ils bloquent l’action de l’enzyme éponyme qui permet l’inactivation des neurotransmetteurs. Deux médicaments les représentent, le Marsilid et la Moclamine, aux effets secondaires importants : trouble du rythme cardiaque, perte de mémoire et toxicité rénale.
2. Les tricycliques. Ils bloquent la recapture présynaptique des neurotransmetteurs (sérotonine, noradrénaline et dopamine). Deux médicaments les représentent, le Laroxyl et l’Anafranil, aux effets secondaires tels que sécheresse de la bouche, tachycardie, trouble du rythme cardiaque, prise de poids, frigidité et impuissance.
3. Les ISRS, ou inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine, bloquent la recapture de la sérotonine, provoquant son augmentation dans la fente synaptique pour compenser son faible taux chez les dépressifs. C’est la catégorie la plus prescrite (Prozac, Seroplex…). Les effets secondaires sont nombreux : problèmes digestifs, céphalées, insomnie, nervosité…
Ne pas focaliser sur la sérotonine
Pourtant, aujourd’hui, le rôle prépondérant de la sérotonine dans la manifestation de la dépression est remis en cause, obligeant à repenser la dépression comme un phénomène biologiquement complexe et socialement multifactoriel.
Les conclusions d’une récente étude anglaise sont de ce point de vue sans appel et apportent un démenti à une explication centrée sur le simple déficit en sérotonine, rappelant qu’« Il n'y a aucune preuve convaincante que la dépression soit associée ou causée par des concentrations ou une activité de sérotonine plus faibles ».
Or, les médicaments antidépresseurs les plus prescrits sont des ISRS (inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine). Ainsi, selon cette équipe anglaise, ces médicaments montrent des effets qui se « distinguent à peine d'un placebo » et concluent qu’il est « impossible de dire que la prise d’antidépresseurs ISRS vaut la peine, ou même est totalement sûre ».
Loin d’être la première étude à mettre en doute l’efficacité des antidépresseurs et à pointer du doigt leurs dangerosités (dépendance, pulsions très violentes, démence…), il pourrait être pertinent de se pencher sur des solutions alternatives afin d’agir contre ce mal qu’est la dépression.
Il existe ainsi différents leviers plus naturels qui ont fait leurs preuves. Parmi eux, on retrouve évidemment la psychothérapie (qui se concentre sur la gestion des événements stressants ou traumatisants) et des compléments comme la pratique de la pleine conscience, mais aussi l’alimentation et la phytothérapie.
Un des intérêts majeurs de la phytothérapie dans l’accompagnement des dépressions légères à modérées est le recours à des plantes médicinales dont la complexité moléculaire et la polyvalence font qu’elles agissent généralement sur plusieurs tableaux simultanément, plutôt que de cibler spécifiquement un seul mécanisme biologique.
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Déprime et dépression : quelles plantes en renfort ?
Il existe de nombreuses plantes reconnues pour leurs impacts positifs sur le bien-être psychique. Si, à l’instar des antidépresseurs, elles agissent sur les neurotransmetteurs, elles ont l’avantage de ne pas créer de dépendance, mais elles ont aussi très peu d’effets secondaires. Ainsi, elles peuvent parfaitement compléter une psychothérapie ou être une bonne béquille lors d’un « coup de mou » passager. Zoom sur les cinq plantes incontournables pour vous aider à choisir la plus adaptée à votre situation.
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Le millepertuis est considéré comme le roi des antidépresseurs végétaux. Riche en nombreux principes actifs, dont l’hypéricine et l’hyperforine sont les plus connus, cette plante est indiquée en cas de dépression légère à modérée et s’avère plus particulièrement efficace sur la dépression hivernale. Le millepertuis soulage en effet les états de tristesse accompagnés de troubles du sommeil, ou encore des états d’anxiété ou de fatigue nerveuse, notamment grâce à son potentiel d’action sur la normalisation de la concentration de certains neurotransmetteurs : sérotonine principalement, mais également dopamine, noradrénaline et plus modestement le Gaba (acide gamma aminobutyrique). La prise de millepertuis entraîne également une hausse de production de la mélatonine, expliquant probablement son utilité en cas de sommeil perturbé. On compte par dizaines les études qui ont confirmé son efficacité contre la dépression, efficacité qui généralement démarre après une quinzaine de jours de prise quotidienne (posologie habituellement recommandée : 600 à 900 mg par jour d’extrait sec). Attention toutefois ! L’utilisation régulière du millepertuis peut diminuer (ou augmenter) l’efficacité de nombreux traitements allopathiques (anticoagulants, contraceptifs, antidépresseurs, anti-épileptiques, anti-rétroviraux …) du fait de son impact sur certaines enzymes hépatiques. Aussi convient-il, en cas de prise concomitante de médicaments allopathiques, de demander un avis médical. On sera également attentif à ne pas en prendre en parallèle d’un antidépresseur ou anxiolytique allopathique sans suivi médical, du fait d’un risque d’effet synergique mal maîtrisé.
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L’arbre africain griffonia simplicifolia contient dans ses graines du 5-HTP (hydroxytryptophane), un précurseur immédiat de la sérotonine. La prise orale de cet acide aminé augmente la production de sérotonine dans le cerveau (à la différence du millepertuis et des IRS qui inhibent sa recapture au niveau des synapses, c’est-à-dire qui augmentent son « recyclage » endogène). La plante est également réputée anxiolytique, bonne pour le sommeil et le 5-HTP qu’elle contient a montré des effets intéressants dans la prévention des migraines et les paramètres cliniques de la fibromyalgie. En outre, elle semble montrer un effet régulateur sur la satiété (dès une semaine d’usage), ce qui la rend intéressante pour les personnes ayant tendance à s’alimenter davantage pour « compenser » leur détresse émotionnelle. Attention toutefois ! La molécule 5-HTP est à éviter chez la femme enceinte et allaitante, chez l’enfant ou les personnes atteintes de trisomie. La plante entière est quant à elle à éviter en cas de traitement concomitant à base de millepertuis, de carbidopa (une molécule utilisée dans le cadre de la maladie de Parkinson) ou d’IRS (risque théorique d’augmentation du taux de sérotonine se traduisant par un syndrome sérotoninergique). Elle ne doit pas non plus être utilisée en cas de sclérodermie, et de tumeur carcinoïde (qui produit de la sérotonine).
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La rhodiole est une plante utilisée de longue date dans les pays nordiques d’Europe pour ses propriétés adaptogènes augmentant la résistance au stress physique et mental et diminuant la fatigue. Les propriétés antistress de ses principes actifs les plus connus (rosavine et salidroside) s’expliquent par des effets spécifiques sur des paramètres du système nerveux comme la modification de l’activité de certains neurotransmetteurs (sérotonine, catecholamine), de leurs récepteurs cérébraux (récepteurs à noradrénaline, sérotonine, dopamine, acethycholine) ou l’augmentation du passage des précurseurs à la dopamine ou à la sérotonine par la barrière hémato-encéphalique. Ces effets conjugués sont probablement à l’origine de son efficacité, dans des essais cliniques de petite ampleur, sur les dépressions légères à modérées ou l’anxiété, et le cortège de symptômes qui peuvent les accompagner (instabilité émotionnelle, somatisation). Si un essai clinique a montré un effet inférieur à un antidépresseur allopathique de référence (la sertraline), il a également mis en évidence un nombre bien moins important d’effets indésirables. Attention toutefois ! Cette racine est à éviter le soir afin de ne pas perturber le sommeil. De plus, elle est déconseillée chez les femmes enceintes ou allaitantes, chez les enfants, ainsi que pour les patients atteints de trouble bipolaire (psychose maniacodépressive) chez qui la racine pourrait déclencher des épisodes maniaques. Enfin, la rhodiole peut interagir avec un grand nombre de médicaments ; il est ainsi conseillé pour toute personne sous traitement médical de se rapprocher d’un professionnel de santé avant toute consommation.
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Le safran est riche en crocine et en safranal, deux principes actifs qui contribuent à ses effets sur la dépression. Plusieurs méta-analyses confirment ces propriétés avec une efficacité démontrée équivalente aux antidépresseurs de référence (fluoxétine du Prozac) sur la dépression légère à modérée, mais également sur la dépression sévère, avec un impact positif sur l’anxiété et les troubles du sommeil. Le safran possède de nombreuses autres propriétés (Alzheimer, DMLA, diabète, etc.) moins connues du grand public qui méritent d’être explorées. Attention toutefois ! Le safran peut être narcotique et toxique à dose élevée (supérieure à 5 grammes/jour, mais au vu du prix de l’or orange, les risques sont faibles). Il est également formellement déconseillé à forte dose chez la femme enceinte.
Références bibliographiques
En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Alternative Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé
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