Associer vinaigre et miel : et si la solution contre l’antibiorésistance se trouvait dans les remèdes d’antan ?

La résistance aux antibiotiques représente un défi majeur pour la médecine moderne. Au fil des décennies, leur utilisation répandue et parfois inappropriée, a conduit à l’émergence de bactéries résistantes à ces médicaments. Cette « antibiorésistance » rend le traitement des infections de plus en plus difficile, et augmente le risque de complications graves, voire mortelles. C’est pourquoi la recherche se penche de plus en plus sur d’autres solutions qui n'impliquent pas les antibiotiques afin de soigner les infections bactériennes notamment au niveau des plaies et brûlures.

Le miel et le vinaigre, d’excellents antibactériens

Parmi les autres solutions, l’acide acétique, un excellent antibactérien contenu dans le vinaigre, a fait ses preuves dans différentes études scientifiques, mais aussi en pratique notamment dans de nombreux hôpitaux au Royaume-Uni. Une enquête nationale britannique sur les unités de traitement des brûlures, réalisée en octobre 2019, a d’ailleurs révélé qu’environ un tiers des unités utilisaient des pansements imbibés d’acide acétique (à hauteur de 2,5 à 3 %) pour traiter les brûlures infectées par Pseudomonas aeruginosa.

Un des autres remèdes anciens, qui connaît un retour en grâce pour les plaies infectées, est le miel de qualité médicinal. Cependant, le miel aussi bien que le vinaigre, utilisés seuls, ne semblent pas assez efficaces pour s’attaquer aux biofilms qui protègent certaines colonies bactériennes, y compris sur les plaies, en les rendant résistantes aux traitements. C’est pour vaincre ce problème de biofilm qu’une équipe de chercheurs de l’université de Warwick ⁽¹⁾ (Royaume-Uni) s’est penchée sur les bénéfices d’une utilisation combinée du miel de qualité médicinale et du vinaigre alimentaire pour nettoyer les plaies.

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De l’oxymel pour occire les bactéries

Après avoir testé in vitro différentes combinaisons et proportions de miel, vinaigre et acide acétique, les chercheurs ont pu constater que l’oxymel au miel médicinal et au vinaigre alimentaire complet pouvait dépasser la barrière des biofilms et entraîner la mort de beaucoup plus de bactéries. L’équipe de recherche a constaté que le vinaigre de vin rouge était particulièrement efficace en synergie avec le miel contre le staphylocoque doré (Staphylococcus aureus) tandis que le vinaigre de grenade était capable de combattre les bactéries Staphylococcus aureus et Pseudomona aeruginosa (bacille pyocyanique).

Les chercheurs anglais en ont bien conscience, ils n’ont pas inventé l’eau tiède. En effet, le mélange de miel et de vinaigre, connu sous le nom d’oxymel, est utilisé depuis la Rome antique « pour laver ou panser les plaies et les gonflements »⁽²⁾. Néanmoins, avec l’avènement de la médecine moderne et des antibiotiques, l’oxymel ainsi que de nombreux remèdes d’antan ont disparu des pratiques médicales. Pourtant, comme le montre le cas de l’oxymel, ils peuvent rester aussi pertinents qu’efficaces pour faire face aux maladies.

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Médecine d’hier, médecine de demain

Ces résultats s’inscrivent dans le cadre d’une recherche multidisciplinaire initiée en 2021 par les Drs Erin Connelly et Freya Harrison de l’université de Warwick. La première, spécialisée dans la recherche de molécules innovantes contre les infections antibiorésistantes, s’est associée à la seconde, qui parcourt nombre de traités médicaux médiévaux et anciens pour y identifier des ingrédients et leur logique d’association. Ensemble, elles testent l’efficacité antimicrobienne de ces ingrédients et remèdes avec les outils de la médecine moderne ⁽³⁾. Une perspective enthousiasmante alors que la recherche dans le champ de l’antibiothérapie a ralenti et que, trop souvent en médecine, la course à l’innovation nous fait oublier des millénaires de savoirs et savoir-faire accumulés.