Accueil Actualités Microplastiques : des ennemis de notre cerveau à ne pas négliger
Microplastiques : des ennemis de notre cerveau à ne pas négliger
Dernièrement, de plus en plus d'études alertent quant à la dangerosité des microplastiques pour notre santé cérébrale.
Ils sont partout. Dans l’eau, dans la nourriture, dans l’air et même sur ce que l’on touche. Les microplastiques ont depuis longtemps envahi notre quotidien, et leurs taux dans nos organismes ne cessent d’augmenter. Pourtant, « les recherches sur les effets des microplastiques sur la santé, en particulier chez les mammifères, sont encore très limitées », interpelle Jaime Ross, professeure à l’université de Rhode Island (États-Unis) et auteure d’une nouvelle étude (1) inquiétante sur l’impact des microplastiques sur notre santé, notamment cérébrale. En effet, avec son équipe scientifique, elle a pu constater, à travers des analyses menées sur des souris, que l’ingestion de microplastiques entraînait des changements comportementaux chez les animaux, en particulier chez les sujets plus âgés. Pour en comprendre le mécanisme, les chercheurs ont étudié l’étendue de la contamination de l’organisme par les microplastiques en disséquant plusieurs organes importants, dont le cerveau, le foie, les reins, le tractus gastro-intestinal, le cœur, la rate et les poumons.
Lire aussi
Microplastiques : il y en a partout
Les microplastiques s’immiscent jusque dans notre cerveau
Les chercheurs ont constaté que les particules avaient commencé à s’accumuler dans tous les organes, y compris le cerveau. Pourtant, la barrière hémato-encéphalique (qui filtre et restreint le passage des substances contenues dans le sang vers le cerveau) est réputée pour être extrêmement difficile à traverser, car elle constitue un mécanisme de protection, notamment contre les virus et les bactéries. Cependant, il semblerait que les microplastiques réussissent à la franchir et donc à pénétrer profondément dans le tissu cérébral. Mais ce n’est pas la seule mauvaise nouvelle. L’équipe scientifique a également remarqué que cette infiltration cérébrale peut entraîner une diminution de la protéine acide fibrillaire gliale (appelée « GFAP »). Or, cette protéine joue un rôle dans de nombreux processus cellulaires dans le cerveau. « Une diminution de la GFAP a été associée aux premiers stades de certaines maladies neurodégénératives, y compris dans des expériences sur des modèles murins de la maladie d’Alzheimer, ainsi qu’à la dépression », explique la Pr Ross. Cette découverte vient ainsi s'ajouter aux recherches qui démontrent déjà que les microplastiques participent à la genèse d’un terrain inflammatoire, source de pathologies de dégénérescence.
Lire aussi
Nous absorbons de plus en plus de plastique !
Les microplastiques altérés bien pires encore
Une autre étude (2), coréenne cette fois, s’est aussi intéressée à l’impact des microplastiques sur la santé cérébrale. Si elle confirme que ces microparticules réussissent à traverser la barrière cérébrale chez la souris (in vivo), mais aussi chez l’humain (in vitro), elle met également en évidence la plus grande toxicité des microplastiques dits « altérés », notamment pour notre cerveau. L’altération moléculaire des microplastiques « vierges » ou « neufs » se produit au contact de l’environnement extérieur (lumière du soleil, vent, intempéries). Ces microplastiques altérés présenteraient « une surface accrue et des liaisons chimiques modifiées, deux propriétés qui affectent leurs réactivités ». Au niveau du cerveau, cela se traduit par la perturbation des protéines impliquées dans son bon fonctionnement et, finalement, par une augmentation de l’inflammation et de la mort des cellules cérébrales bien plus importante que celle engendrée par des microplastiques non altérés (testés à des doses équivalentes).
Lire aussi
Les microplastiques n’épargnent pas le fœtus
Les micro-ondes et le plastique ne font pas bon ménage.
Une récente étude américaine nous met également en garde contre l'altération des plastiques destinés à la fabrication de contenants alimentaires chauffés au micro-ondes. En effet, l'équipe de l'Université de Nebraska-Lincoln (États-Unis) a mené des expérimentations en utilisant des contenants pour aliments destinés aux bébés fabriqués à partir de polypropylène et de polyéthylène, deux matériaux autorisés par les autorités de réglementation de la FDA (Food and Drug Administration) ainsi que dans l'Union Européenne. Après avoir été soumis à une cuisson au micro-ondes pendant trois minutes dans un four de 1 000 watts, différents liquides contenus dans ces récipients ont été analysés afin de détecter la présence de microplastiques et de nanoplastiques (des particules encore plus petites). Les chercheurs ont calculé qu'un seul centimètre carré de ces contenants pouvait libérer environ 4,22 millions de particules de microplastique et 2,11 milliards de particules de nanoplastique lors de ce laps de temps pourtant très court.
Pour comprendre l'impact possible de leur ingestion sur la santé, les chercheurs ont exposé des cellules rénales embryonnaires (in vitro) à des concentrations de particules de plastique similaires à celles libérées par les contenants pendant plusieurs jours. L'équipe a ainsi constaté que 77 % des cellules rénales exposées ont été détruites. Bien que cela ne signifie pas nécessairement que nos reins seraient directement exposés à de telles concentrations, cela nous donne un aperçu de la toxicité potentielle de ces microplastiques et nanoplastiques, en particulier chez les enfants.
Cette recherche illustre de manière patente le fréquent décalage temporel entre la sécurité des normes réglementaires et les avancées de la recherche dans le domaine de la santé environnementale, le principe de précaution étant souvent réduit à la portion congrue face aux intérêts économiques immédiats de l’industrie agro-alimentaire. Dans le doute, il est important de choisir judicieusement ses contenants et de porter une attention à l'emballage de vos aliments, en particulier s’ils sont destinés à être réchauffés. L'utilisation de contenants en verre pour réchauffer nos aliments, y compris les biberons, est recommandée.
Bien sûr, d'autres mesures, à plus grande échelle, tant sur le plan écologique que sanitaire, doivent être mises en place à la fois par les individus et les gouvernements pour nous protéger de la pollution due à la croissance continue des microplastiques.
Références bibliographiques
En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Alternative Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé
Le zéro plastique, une urgence sanitaire
Toxicité des nanos : un déni stupéfiant
Vous reprendrez bien une tasse de microbilles ?
Le plastique c’est vraiment dramatique (Jacques Exbalin)
Des "polluants éternels" dans l’eau du robinet
Microplastiques : augmentent-ils les risques d’AVC, de crise cardiaque et de thrombose ?