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Philippe Chavanne, « Si les nanoparticules sont sans danger, pourquoi dissimuler leur présence aux consommateurs ? »

  • Philippe Chavanne partage son temps entre son oliveraie, ses vignes et l'écriture d'ouvrages pratiques qui remettent la nature et ses bienfaits au centre de la vie quotidienne et à la portée de tous.Philippe Chavanne partage son temps entre son oliveraie, ses vignes et l'écriture d'ouvrages pratiques qui remettent la nature et ses bienfaits au centre de la vie quotidienne et à la portée de tous.
Article paru dans le journal nº 59

Pour donner de la saveur et de la texture à leurs plats préparés, les fabricants ont l’embarras du choix : exhausteurs de goûts, édulcorants, épaississants… ou encore nanoparticules. Si le nombre de ces additifs alimentaires ne cesse d’augmenter, le consommateur reste mal averti de leur présence, peu ou pas indiquée sur les étiquettes. Philippe Chavanne, auteur du livre Additifs alimentaires, mieux les connaître pour éviter leur toxicité, s’est penché sur la question.

Alternatives Santé. Le gouvernement a prévu de suspendre l’utilisation des nanoparticules de dioxyde de titane comme additif alimentaire d’ici la fin de l’année. Peut-on se réjouir de cette nouvelle ?

Philippe Chavanne. Oui et non. Oui, parce que le colorant qui se cache sous la dénomination E171 est « fortement soupçonné » par des scientifiques indépendants du secteur agroalimentaire de favoriser l’apparition de lésions précancéreuses, comme le prouvent des recherches objectives sur les rats. Oui, encore, car les colorants sont des additifs chimiques inutiles qui ne servent qu’à camoufler la médiocrité des ingrédients et préparations industrielles low cost et à tromper le consommateur sur la qualité réelle des produits. Pour autant, ne nous réjouissons pas trop vite. On ne connaît pas les substances toxico-chimiques avec lesquelles les industriels vont remplacer le dioxyde de titane… En outre, cette interdiction est l’arbre qui cache la forêt. En réalité, les additifs nanoparticules – dont la nocivité réelle n’a jamais été testée préalablement à leur utilisation par l’industrie agroalimentaire – sont de plus en plus présents, dans un nombre toujours plus important de produits. Pire : ils le sont à l’insu des consommateurs, puisque la règlementation (européenne ou française) sur l’étiquetage est aujourd’hui taillée pour les industriels.

Tous les additifs alimentaires ne se valent pas. Dans votre livre, vous différencez les conservateurs et les nanoparticules. Pourquoi ?

Il faut distinguer les additifs alimentaires « classiques » des additifs nanoparticules. Ces derniers sont plus pernicieux que les premiers, dont on connaît bien la toxicité et les dangers pour la santé. Les « nano » sont des particules de diamètre inférieur à 100 nanomètres (50 000 fois plus petit qu’un cheveu). Ils sont présentes dans un nombre croissant de produits industriels (bonbons, biscuits, gâteaux…) sans que la preuve de leur innocuité ait été faite. Au contraire, des recherches indépendantes, objectives et fiables, bien qu’encore parcellaires, ont tendance à démontrer leur nocivité (1). D’autre part, bien qu’a priori la législation impose aux fabricants d’informer sur la présence de nanoparticules dans leurs produits, elle est aussi tellement laxiste et conçue sur mesure pour l’industrie qu’elle bafoue la légitime information et la protection des consommateurs. En effet, la mention ne doit apparaître que lorsque la teneur en nanoparticules est supérieure à 10 % – les industriels jouent donc avec la limite légale pour ne pas révéler la présence de nanoparticules aux consommateurs. Mais si ces nanoparticules sont sans danger, pourquoi les dissimuler ? Mentir par omission ? Les instances européennes et nationales font preuve, ici, d’une complaisance pour le moins suspecte.

Les tests menés par l’industrie chimique et agroalimentaire pour prouver l’absence de danger de ces additifs sont-ils fiables ? N’y a-t-il aucun risque associé à leur consommation ?

Les tests menés par l’industrie chimique et l’industrie agroalimentaire n’ont aucune signification ni fiabilité, et ce pour plusieurs raisons. D’abord, ils portent exclusivement sur des animaux de laboratoire (surtout des rats) – qui sont, au passage, sacrifiés sur l’autel de la « science ». Or, aucun animal de laboratoire ne réagit exactement de la même manière qu’un humain. Les résultats obtenus sont peut-être valables pour un rat, mais restent d’une désespérante approximation pour nous. Le deuxième problème tient au fait qu’en laboratoire, quelle que soit leur espèce, les animaux ne sont soumis qu’à un seul additif à la fois. L’homme, lui, consomme au quotidien une multitude d’aliments, donc d’additifs, différents. Certaines études affirment ainsi qu’en une seule année, nous ingurgiterions jusqu’à… 7 kg d’additifs ! Et que les enfants avaleraient une centaine d’additifs différents par jour ! Enfin, et c’est le troisième problème majeur, il est impossible de mesurer les éventuels dégâts causés par l’accumulation des additifs dans l’organisme des animaux de laboratoire vu la manière dont les tests sont menés. Alors dans l’organisme humain, encore moins. Très parcellaires et soigneusement orientés, les tests commandités par les industriels du secteur, directement ou en sous-main, n’ont aucune valeur. La rigueur et l’impartialité scientifiques en sont absentes. A l’arrivée, bien qu’ils soient trop peu et trop mal testés, nombre d’additifs alimentaires reçoivent une autorisation de mise sur le marché et une autorisation d’utilisation. Et c’est le consommateur qui en payera le prix fort, car l’on met en jeu son bien le plus précieux : sa santé.

Certains produits cumulent les additifs. Faut-il craindre un effet cocktail ?

Il existe deux risques très dangereux, un effet d’accumulation et un effet cocktail. Concernant le premier : les industriels de l’agroalimentaire et leurs experts tentent de faire croire que les doses d’additifs sont si minimes qu’elles sont négligeables. Mais soyons très clair : aucune dose n’est si minime qu’elle en devient insignifiante. Prenons le cas des colorants, très souvent de synthèse : beaucoup ont largement de quoi susciter les craintes des consommateurs, notamment les tartrazine (E102), azorubine (E122), érythrosine (E127), bleu brillant FCF (E133)… Peut-être que tel produit alimentaire n’en contient qu’une dose « minime », mais si l’on mange chaque jour ce même produit pendant une semaine, deux semaines, un mois, des années, la dose accumulée n’est plus minime du tout ! Répétées jour après jour pendant de longues périodes, ces doses « minimes » s’accumulent dans l’organisme et peuvent présenter des risques réels pour la santé, insidieux et irréversibles. À propos de l’effet cocktail, ensuite : chaque jour nous consommons des dizaines d’additifs alimentaires différents. Présents en masse dans les aliments transformés par l’industrie agroalimentaire [soit plus de la moitié des produits consommés en France, ndlr], ils le sont malheureusement aussi dans des aliments artisanaux, tels le pain boulanger ou le beurre du marché. Les effets combinés de ces substances ingérées en même temps sont encore méconnus, mais suspectés d’être nocifs. Le principe de précaution devrait alors s’appliquer. Or, comme dans le cas de l’effet d’accumulation dans l’organisme, les industriels du secteur tentent de nier l’effet cocktail ou, en tout cas, d’en minimiser l’importance.

Nos systèmes règlementaires semblent clairement défaillants…

Trop souvent noyautés par les industriels ou sensibles à leurs sirènes, les organismes officiels en charge des réglementations (European Food Safety Authority, OMS) ne tiennent que modérément compte des risques. Ils se contentent de fixer des doses maximales d’additifs dans les produits alimentaires (2). Pourtant, on sait depuis longtemps que certains additifs, jugés inoffensifs lorsqu’ils sont pris isolément, deviennent toxiques lorsqu’ils sont combinés d’autres molécules. Ou qu’un additif nocif voit sa dangerosité démultipliée lorsqu’il est absorbé dans l’organisme en même temps que d’autres additifs. Par exemple, la combinaison de l’aspartame (E951) et du jaune de quinoléine (E104) multiplie la toxicité sur les cellules nerveuses par 7. En la matière, les études indépendantes et les exemples concrets ne cessent de s’accumuler (3)

Quels sont aujourd’hui les additifs les plus nocifs ?

L’ennemi public n° 1 est très certainement l’aspartame, l’édulcorant E951 dont nous venons de parler. Utilisé dans environ 2 000 produits alimentaires et dans la plupart des soi-disant light malgré sa toxicité prouvée, l’aspartame ne se contente pas d’induire une dépendance au sucre et d’augmenter l’appétit, mais est aussi directement relié à plus de 200 maladies différentes comme l’a montré une étude menée par le généticien mexicain Juan Manuel Aparicio Rodriguez en octobre 2009 : défaillances thyroïdiennes, hémorragies, tumeurs cérébrales, dépression, sclérose, anxiété persistante, agressivité… Sans oublier obésité et diabète. Tout aussi redoutable, le glutamate de sodium (E621) que l’on retrouve, entre autres, dans les cubes de bouillon industriels. Cet exhausteur de goût a des effets redoutables : iI dérègle l’appétit et porte gravement atteinte au cerveau, favorisant l’apparition et/ou le développement de maladies neurodégénératives telles que Parkinson ou Alzheimer comme n’a cessé de le dénoncer le Docteur Russell Blaylock, neurochirurgien, nutritionniste et spécialiste du cancer, pendant toute sa carrière (4). Totalement inutiles pour le consommateur, les colorants chimiques sont aussi à classer dans la catégorie des additifs dangereux à toutes les doses. Déjà dans les années 1970, Benjamin Feingold dénonçait le lien entre ces colorants et l’hyperactivité chez l’enfant.

Par précaution, quelles sont les règles à respecter en faisant ses courses ?

D’une manière générale, il faut rejeter sans hésitation tous les aliments/préparations indiquant plus de 4 à 5 additifs dans leur composition, ceux portant une mention de dangerosité (comme « peut causer… », ou « déconseillé aux femmes enceintes et aux enfants »), les denrées contenant un ou des colorants ainsi qu’un édulcorant de synthèse (aspartame…), ainsi que celles trafiquées par des exhausteurs de goût. Le bio est à préférer autant que possible à l’alimentation low cost, car si celle-ci peut accueillir environ 300 additifs chimiques, dont de très toxiques, le bio n’en accepte que moins de 50, et pas les plus dangereux. S’il n’est pas acheté en grande surface mais en vrac dans les commerces spécialisés ou en circuit court, le bio n’est globalement pas plus cher à l’achat et à l’utilisation que l’alimentation industrielle.

Est-ce que l’industrie agroalimentaire pourrait se passer de ces molécules ?

Bien sûr, et c’est pour cela qu’il faut se battre ! Concernant les conservateurs, ils sont d’autant plus inutiles qu’il existe des procédés simples et sains pour conserver les aliments et que l’immense majorité des ménages occidentaux disposent d’appareils de conservation (réfrigérateur, congélateur…) performants. Les édulcorants de synthèse pourraient, eux, aisément être remplacés par des édulcorants naturels. Le problème est financier : les industriels de l’agroalimentaire ont plus intérêt, financièrement, à travailler avec des produits médiocres, voire de très mauvaise qualité, qu’ils camoufleront ensuite chimiquement. Le respect et la santé des consommateurs ne pèsent pas lourds face aux objectifs de rentatilité des grands groupes industriels.

A lire également :

Aller plus loin :

(1) www.anses.fr/fr/content/etudes-alimentaires-mieux-prot%C3%A9ger-les-consommateurs

(2) www.efsa.europa.eu/fr/topics/topic/food-additives

(3) Voir notamment "Synergetic interactions between commonly used food additives in a developmental neurotoxicity test",  Toxicological Sciences, décembre 2005 ou « Food additives and hyperactive behaviour in 3-year-old and 8/9 year-old children in the community », The Lancet, 2007.

(4) Dr Russell Blaylock, Excitotoxins: The Taste That Kills, 1997

 

En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Alternative Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé