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Nocebo, c’est pas beau
Après avoir consacré un dossier sur l’effet placebo (AS n° 68), nous avons planché ce mois-ci sur sa contrepartie : l’effet nocebo.
Le placebo, c’est la capacité du métabolisme à entreprendre son autoguérison. Comme personne n’y comprend rien, les autorités sanitaires préfèrent parler de « vulgaires » placebo pour désigner, par exemple, toutes molécules réputées inactives ou pour refuser de reconnaître telle ou telle thérapie. Personnellement, je serais du genre à m’émerveiller de cette capacité d’activer le processus d’autoguérison, et à plébisciter toute thérapie capable de cet exploit. Et je m’étonne du mépris affiché par les autorités médicales lorsqu’elles les balayent d’un revers de main.
Mais si elles se gaussent et raillent l’effet placebo, ces mêmes autorités se font beaucoup plus discrètes concernant l’effet nocebo. Et pour cause. L’effet nocebo serait comme le côté obscur de la Force du placebo. Une petite piqûre de rappel s’impose.
Effet nocebo : de 13 000 à 34 000 morts par an
Les effets de n’importe quelle thérapeutique administrée à un patient se divisent en deux catégories : les effets spécifiques liés au traitement (le principe actif d’une molécule, par exemple) et les effets non-spécifiques qui correspondent aux caractéristiques de l’intervention. Imaginez un médecin que vous rencontrez pour la première fois et qui, par une poignée de main franche, une écoute dédiée, un regard bienveillant, vous embarque dans une relation de confiance telle que vous en avez oublié les raisons du rendez-vous (si, si, ça existe !).
En deuxième rideau de l’effet nocebo fermente la problématique trop peu citée en rapport de la catastrophe qu’elle représente : les maladies iatrogènes. En clair, il s’agit ici de l’ensemble des effets délétères provoqués par un traitement médical. Lorsque la vie est en jeu, les autorités sanitaires parlent d’« accident iatrogène ». Notez ici que lorsqu’une prescription médicale aboutit à la mort du patient, on parle « d’accident », alors que lorsque par malheur, un médecin pratiquant les thérapies alternatives perd un patient, on parle de charlatanisme.
Et puisque nous parlons d’accident, retenez ceci : les accidents de la route occasionnent quelque 3 500 décès par an (3 684 en 2017), pour ce qui concerne les décès liés aux accidents médicamenteux, Michel Cymes lui-même, sur RTL évoquait 10 000 décès par an ! Sur le site de la sécu, on peut lire qu’ont été recensés 115 000 hospitalisations liées aux accidents iatrogènes et 7 457 décès… dans les hôpitaux. Quid de ceux qui décèdent chez eux ?
Les chiffres sont du coup très variables comme en conviennent les rédacteurs de l’étude Emir (Effets indésirables des médicaments : incidence et risque) statuant à 143 915 hospitalisations en 2007. Quant aux décès, les chiffres varient de 13 000 à 34 000 par an. Vous comprenez mieux pourquoi les autorités sanitaires ricanent moins dès lors que l’on parle d’effet nocebo ? Et peut-être que comme moi, vous voudriez interroger notre ministre de la Santé sur ses mesures pour limiter le nombre de tués par prise de médicaments, à l’instar du ministère des Transports dans sa lutte contre les décès sur la route.
Pour l’heure, et sans parler des « recommandations » inutiles et sans effet, je n'en ai recensé aucune.
En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Alternative Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé
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