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Comment utiliser les hydrolats pour sa santé ?
Eau de fleurs d’oranger, eau d’hamamélis, chacun connaît déjà les hydrolats. Issus de la distillation de plantes à la vapeur d’eau, les hydrolats sont moins connus que les huiles essentielles. Aujourd’hui, ils sont mis en lumière et plus facilement disponibles dans le commerce. Qu’est-ce qu’un hydrolat ? Quels sont ses bienfaits validés par la science ? Quel hydrolat pour quel usage ? Y-a-t-il des dangers ou contre-indications ?
Tout comme les huiles essentielles (HE), les hydrolats (HA, pour " hydrolats aromatiques ") sont réalisés grâce à la distillation à la vapeur d’eau de végétaux dans un alambic en cuivre ou en inox. Lors de ce processus, il ressort obligatoirement à la sortie de l’alambic une eau (l’HA) qui contient naturellement 0,1 à 5% de composés aromatiques ou non. L’HE, elle, est lipophile, donc soluble dans l’huile, et forme une couche qui surnage au-dessus de l’eau résultant de la distillation (comme lorsque vous laissez une vinaigrette décanter).
C’est ainsi que les HA ont longtemps été considérés comme des sous-produits, voire des déchets de la distillation. Ce n’est plus le cas aujourd’hui, où ils sont de plus en plus utilisés en aromathérapie comme un produit naturel actif à part entière pour soulager diverses affections. L’utilisation des HA, qui au niveau de la législation sont considérés comme des denrées alimentaires ou des produits cosmétiques, est beaucoup plus facile et sécurisante que les HE, tant pour le large public pouvant les employer, que pour la multitude des domaines d’utilisation et de formes d’administration possibles (orale, cutanée, aérienne…). Car de plus, à la différence des HE, les HA sont solubles dans l’eau.
Restons cependant vigilants, car tous les hydrolats ne se valent pas : leur qualité dépend des conditions de culture, du climat, de la partie de plante distillée, du processus de distillation en lui-même, etc. Le consensus établi entre les producteurs est d’utiliser 1 kg de plante (certains utilisent 2 kg) pour produire 1 litre d’HA. Les hydrolats peuvent être issus de plantes dites aromatiques ou d’autres végétaux. Lorsque ce sont des fleurs telles l’hamamélis, le bleuet ou la rose qui sont distillées, on parle plus volontiers d’eau florale. Témoins de l’engouement très récent pour les HA, les publications scientifiques se multiplient, en expansion marquée depuis 2022.
Hydrolats : des propriétés polyvalentes
S’il n’y avait qu’un seul mot à donner pour résumer l’intérêt des hydrolats, c’est " polyvalence ". De l’agriculture biologique à la santé en passant par l’agroalimentaire et la cosmétique, les hydrolats sont déjà présents dans notre vie quotidienne sans qu’on le sache forcément. Dans l’industrie cosmétique, par exemple, ils sont largement utilisés pour remplacer l’eau dans les lotions, crèmes, savons, avec un effet conservateur. Ils ont la même utilité dans l’agroalimentaire grâce à leurs propriétés antimicrobiennes et antioxydantes. C’est le cas des HA de girofle, thym et lavande. L’hydrolat d’hélichryse, lui, peut empêcher le développement de bactéries contaminantes alimentaires, mais aussi leur adhérence à des supports alimentaires, limitant les risques de colonisation qui rendrait les aliments impropres à la consommation. Les hydrolats permettent en outre d’aromatiser les boissons.
Enfin, en agriculture biologique, on les plébiscite pour leurs vertus fongicides (HA de carotte, ballote noire, souci des champs) et contre les virus des plantes (origan, thym, romarin), mais aussi répulsives, voire insecticides vis-à-vis des insectes vecteurs de virus pathogènes (fenouil, menthe odorante, menthe pouliot, mélisse, marjolaine). On les considère dans certains contextes comme de réelles alternatives aux antibiotiques ou aux herbicides traditionnels, avec un impact moindre sur l’environnement (et donc par extension sur notre santé). L’hydrolat de basilic, par exemple, aurait le potentiel de devenir un futur bioherbicide.
Antibactériens, antifongiques, anti-inflammatoires…
Ces actions antibactériennes, antifongiques et anti-inflammatoires des hydrolats peuvent aussi bénéficier aux humains. Plusieurs études ont été menées in vitro. Les bien connus HA de sauge et de romarin posséderaient des vertus antifongiques qu’on pourrait mettre à profit en cas de mycoses, par exemple.
Le très étudié hydrolat de rose de Damas est traditionnellement utilisé en externe pour le soin des affections cutanées comme les érythèmes, les rides, les démangeaisons… Les études confirment son effet anti-inflammatoire et antimicrobien, notamment sur les candidoses et le staphylocoque doré résistant aux traitements conventionnels : auquel cas, il est envisageable de faire des cures d’appoint au long terme en complément des traitements proposés par ailleurs.
D’autres analyses, toujours in vitro, ont dévoilé le potentiel de certains HA pour moduler l’inflammation à la baisse, comme l’HA de lentisque pistachier grâce à plusieurs mécanismes d’action synergiques participant à son efficacité. Là aussi, une prise au long cours est envisageable pour atténuer en douceur une inflammation chronique à bas bruit. L’hydrolat peut aussi être utilisé pour l’accompagnement des affections féminines, du diabète et des maladies métaboliques et cardiovasculaires.
À chaque problème, son hydrolat :
• Problèmes de peau : lavande officinale, géranium rosat, rose de Damas.
• Coups, bleus, bosses : hélichryse italienne.
• Petits saignements : achillée millefeuille, ciste ladanifère.
• Jambes lourdes : lentisque pistachier, cyprès.
• Troubles du sommeil : lavande officinale, mélisse, fleurs d’oranger.
• Maladies ORL ou maux de gorge : thym à thujanol, sauge officinale (en gargarisme).
• Affections respiratoires : pin, eucalyptus globuleux, thym à linalol.
• Syndrome prémenstruel : achillée millefeuille, armoise, sauge.
• Troubles digestifs : aneth, laurier, basilic à linalol, menthe poivrée.
… et bien d’autres actions
L’intérêt de l’usage des HA chez l’homme n’est pas nouveau, et leurs propriétés vont bien au-delà d’actions antimicrobiennes et anti-inflammatoires. En médecine populaire perse, ces liquides constituent des boissons quotidiennes fonctionnelles, c’est-à-dire responsables d’effets santé allant au-delà de la nutrition de base.
En Iran, ils sont en effet préconisés comme boissons médicinales pour soulager les affections féminines hormonales et reproductives, notamment les HA de camomille matricaire (pour réguler le cycle menstruel et soulager les règles douloureuses), de fenouil (pour soutenir l’allaitement et faire venir les règles trop tardives en l’absence de grossesse), de gingembre (pour soulager les nausées de la grossesse), de mélisse (aussi contre les nausées matinales de la femme enceinte, mais également contre les douleurs menstruelles) et d’achillée millefeuille (pour réguler le cycle menstruel et apaiser les douleurs de règles), parmi d’autres. Toujours en Iran, les HA de certaines plantes (fenugrec, ail, olivier…) sont aussi traditionnellement utilisés pour l’accompagnement des hyperlipidémies (excès de HDL dans le sang) et affections cardio-vasculaires comme l’athérosclérose.
Des études confirment que les HA pourraient devenir de précieux alliés dans la lutte contre les pathologies chroniques cardio-vasculaires et métaboliques. Ainsi, l’HA de rose de Damas, pris par voie orale par des rats rendus diabétiques, a permis d’améliorer l’hyperglycémie, le taux d’hémoglobine glyquée (reflet de la glycémie sur les mois précédents), mais aussi les paramètres hépatiques (bilirubine, albumine…) et rénaux (urée, acide urique, créatinine…) ainsi que le risque de cataracte (complication du diabète) de façon proportionnelle à la dose administrée. L’HA de menthe aurait, lui, un effet anti-obésité intéressant chez l’animal, qui pourrait être bénéfique dans l’accompagnement du diabète de type 2.
Hydrolats chez la femme enceinte
Comme il n'existe pas d'étude spécifique sur le sujet, les conseils donnés à la femme enceinte conjuguent bon sens et prudence. On sait que certaines huiles essentielles sont formellement déconseillées aux femmes enceintes. Aussi, bien que la quantité de composés aromatiques soit beaucoup plus faible dans les hydrolats que dans les huiles essentielles, on conseille par précaution aux femmes enceintes d'éviter les hydrolats des plantes suivantes par voie orale :
- plantes riches en phénols : cannelle(s), thym(s) et ajowan, origan, girofle...
- plantes riches en cétones : romarin à camphre, menthe poivrée, génévrier, carvi, hélichryse, aneth...
- plantes réputées utéro-toniques : girofle, cannelle, palmarosa...
- plantes oestrogènes-like : camomille(s), cèdre, criste marine, menthe verte, muscade, niaouli, sauge sclarée, patchouli, nard...
Les hydrolats n'étant pas, à la différence des huiles essentielles, liposolubles, l'usage externe n'expose à la pénétration des principes actifs dans le corps via la peau. Leur usage externe ne pose donc pas de problème, de même que la voie olfactive.
Cancérologie, cerveau, humeur : pistes prometteuses
D’autres études in vitro se sont penchées sur le potentiel des hydrolats pour lutter contre le développement de certains cancers ou les effets secondaires de leurs traitements, à l’instar des HA de sauge, de lavande officinale, de romarin et de millepertuis. Ce dernier pourrait détenir des propriétés anticancéreuses jugées exceptionnelles contre certaines lignées de cellules cancéreuses (côlon, col de l’utérus, ostéosarcome).
L’HA de rose de Damas exercerait d’intéressantes actions protectrices des cellules et de leur ADN. En outre, chez l’humain, une étude turque a évalué l’efficacité d’un bain de bouche constitué d’un mélange d’hydrolats de sauge, thym et menthe poivrée sur la mucosite, une inflammation des muqueuses orales et digestives dont souffrent certains patients en chimiothérapie. Résultat : moins de mucosites déclarées dans le groupe testant le bain de bouche aux hydrolats que dans le groupe placebo. Pour profiter des bienfaits des HA, diluez-les à parts égales avec de l’eau, et faites un bain de bouche de 30 secondes à 1 minute plusieurs fois par jour si vous souffrez de mucosite (ou d’une autre inflammation de la sphère buccale).
Enfin, selon des recherches, les HA de sauge et de romarin détiendraient, in vitro, des vertus antioxydantes et protectrices des neurones, et celui de romarin permettrait de lutter contre l’insomnie (étude chez l’animal), en agissant sur les neurones fabriquant la sérotonine.
Malgré ces indices sérieux de l’intérêt et de la puissance des HA, il reste du chemin à parcourir avant d’acquérir la même notoriété que les huiles essentielles. Des études de formulation sont en cours pour améliorer l’efficacité des hydrolats. C’est par exemple le cas de celui de lavandin qui, préparé en nanoémulsion, est actif in vitro sur certaines bactéries Gram négatif (comme Escherichia coli), mais qui, pur, ne montre aucun effet.
Les hydrolats en pratique
Voici quelques conseils pratiques pour l’utilisation.
Posologie : par voie orale entre 1 et 3 cuillerées à soupe d’HA par jour (purs ou dilués dans un verre d’eau) et par voie externe (pulvérisation, compresse), 5 à 6 fois par jour.
Contre-indications : très rares, elles concernent les HA dérivés de cannelle, sarriette, origan, girofle et thym à thymol qui sont déconseillés en automédication aux femmes enceintes et allaitantes et aux enfants de moins de 12 ans.
Conservation : un hydrolat sans conservateurs ajoutés peut se conserver plusieurs années sans altération avant ouverture, dans un lieu frais, sombre et sec, et dans une bouteille en verre foncé. Il ne se périmera pour ainsi dire pas (même si une date d'expiration est obligatoire pour toute denrée alimentaire). Après ouverture en revanche, conservez-le un mois maximum au réfrigérateur ou au frais.
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