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Levothyrox. Que cesse cette prise d'otage
Malgré l'existence de médicaments génériques, c'est presque toujours ce médicament que l'on prescrit, et souvent à vie, aux patients souffrant de problèmes de thyroïde. « Surtout n'arrêtez pas le Lévothyrox ! » vous conjurent nombre de médecins, par peur ou méconnaissance de possibles alternatives. On a pu mesurer le problème que pose ce degré de dépendance des patients à plusieurs reprises.
Levothyrox en rupture de stock : prise d'otage épisode 1
D'abord au mois d'août 2013, un début de psychose s'est abattu sur des centaines de milliers de Français à l'annonce par les médias d'une « rupture de stock » de Lévothyrox. Une petite défaillance d'approvisionnement montée en épingle, certes, mais on s'inquiéterait à raison : car si du jour au lendemain tous ces gens ne pouvaient plus s'approvisionner en thyroxine, certains verraient leurs symptômes devenir incontrôlables et invivables. D'autres, notamment ayant subi une ablation de la thyroide, pourraient tomber dans le coma ou en mourir dans les trois mois.
Des centaines de milliers de patients sont, de fait, dépendants de l'existence et de l'approvisionnement de ce médicament, ce qui constitue une bombe à retardement en terme de santé publique. Non seulement les gens qui dependent de la thyroxine devraient pouvoir avoir accès et se voir prescrire d'autres formules médicamenteuses venant d'autres laboratoires, pour éviter les risques de rupture de stock. Mais ils devraient, avant de se voir prescrire une hormone thyroïdienne de synthèse, avoir pu explorer d'autres voies pour réguler leur fonctionnement thyroïdien. Car, comme nous l'expliquons dans cet autre article, le Levothyrox est prescrit trop souvent de manière abusive et certaines approches naturelles permettent parfois de pouvoir s'en passer.
Levothyrox nouvelle formule : prise d'otage épisode 2
Dès avril dernier, un mois après la mise sur le marché d’une nouvelle formule (sans lactose, mais avec deux nouveaux excipients, le mannitol et l’acide citrique anhydre), apparaissent les premiers signaux d’alerte venus de patients. Ils constatent l’apparition ou l’aggravation de symptômes invalidants et s’en plaignent auprès de leurs pharmaciens ou médecins, hélas pas assez informés pour les prendre au sérieux et faire remonter l’information auprès des autorités : fatigue extrême, maux de tête, perte de cheveux, douleurs, crises de tachycardie, troubles du transit...Nous avons réunis quelques témoignages de patientes désemparées et en colère.
Une fois de plus, nos systèmes de pharmacovigilance ont échoué à faire remonter les signaux d’alerte et à les prendre au sérieux. La parole des victimes a été au mieux minimisée, au pire ignorée : "tout changement est anxiogène" déclare la ministre de la Santé, qui semble vouloir croire que le problème est aussi psychologique que temporaire. Il aura fallu attendre le mois d’août, et une mobilisation massive de patients désemparés, pour que les autorités commencent à s’en émouvoir et mettent en place un numéro vert, rapidement débordé par des dizaines de milliers d’appels. Une victime nous confiait se matin que la seule réponse aux nombreuses questions qu’elle a posées à la ligne verte a été : « Consultez votre endocrinologue. » Merci bien !
Le seul intérêt de cette ligne verte a été de dénombrer les différents effets indésirables de cette nouvelle formule : pas moins de 1 500 ! Le président de l’ANSM tente de temporiser : il y a bien eu des effets indésirables, mais aucun n’aurait été « grave »...
Des autorités sanitaires dans le déni.
« Pas grave » ? Allez expliquer ça aux personnes dont le quotidien est bouleversé, qui sont restées sans réponses quant à la raison de leur état, et ont parfois reçu des traitements lourds pour éradiquer des symptômes dont personne n’identifiait la cause. « Pas grave » reste aussi une appréciation au mieux temporaire, au pire irresponsable, lorsqu’on sait que des variations trop fortes d’hormones thyroïdiennes dans les premiers mois de la grossesse peuvent avoir un impact sur le développement cérébral du fœtus.
L’ANSM (Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé) est pourtant elle-même responsable du changement de formule qu’elle a pris l’initiative de demander aux laboratoires Merck Serano dès 2012 pour « stabiliser » la formule. À la demande de qui ? Personne ne sait le dire...
« Mais qu’est-ce qui est passé par la tête de l’Agence du médicament, qui habituellement ne fait rien, de demander ce changement de composition ? » s’interrogeait ce matin Philippe Even, ancien doyen de la faculté de médecine de Paris et président de l’Institut Necker.
L’ANSM a, semble-t-il, largement minimisé l’impact possible du changement d’excipient sur les effets du médicament et fait le strict minimum pour l’évaluer. Une simple et courte « étude de bioéquivalence » sur des gens… sans problème de thyroïde ! Puis le produit a tout simplement été distribué à des millions de personnes…
« Il aurait dû être testé, il ne l’a pas été. Cette étude de bioéquivalence est à jeter ! » tranche, sans appel, Philippe Even. Les deux nouveaux excipients ont, explique-t-il, très probablement modifié la disponibilité de la molécule active et le rythme de sa libération dans le corps, provoquant des variations hormonales très difficiles à gérer pour certains.
Les patients réclament justice
La France a été le cobaye d’une nouvelle formule réclamée par personne et testée sur personne : voilà la réalité de la situation. Des associations de victimes sont reçues au ministère de la Santé pour exiger la mise à disposition de l’ancienne formule dans les 48 heures et plusieurs plaintes (contre X et contre le laboratoire Merck) pour "atteinte à l'intégrité physique", "non assistance à personne en danger" et "mise en danger de la vie d'autrui" ont d’ores et déjà été déposées.
En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Alternative Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé
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