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La nourriture ultra-transformée, au risque de la dépression
Les aliments ultra-transformés sont déjà suspectés de contribuer à de nombreux problèmes de santé, notamment les maladies métaboliques. Une nouvelle étude étaye, cette fois, le lien entre ce type de nourriture et le risque de dépression.
De plus en plus souvent mis à l’index pour leurs répercussions sur la santé, les aliments ultra-transformés (AUT) ont néanmoins eu tout le temps, en un quart de siècle, de se tailler une part importante dans notre alimentation. Ils représenteraient entre 15 et 30 % des apports caloriques quotidiens en France, et jusqu’à 60 % aux États-Unis ou au Royaume-Uni. Des pays parmi ceux qui connaissent la plus forte prévalence des maladies dites « de civilisation », comme les maladies cardiovasculaires, les maladies dégénératives ou les cancers, mais aussi les troubles psychiques.
Nourriture ultra-transformée : de quoi parle-t-on ?
Mais qu’est-ce qu’un aliment ultra-transformé ? Une simple cuisson dans votre cuisine est déjà un acte de transformation de vos aliments, tout comme le fait de mixer ou d’assaisonner. Mais les AUT vont beaucoup plus loin : ils sont le résultat de processus industriels élaborés leur faisant subir des transformations biologiques, physiques ou chimiques , et impliquant l’ajout de substances propres à l’industrie, dont les fameux additifs — conservateurs, colorants, émulsifiants, etc. — dans le but de leur donner leur goût, leur apparence ou prolonger leur conservation.
Il existe une classification appelée « Nova » qui évalue les aliments selon leur degré de transformation. Elle comporte 4 niveaux différents. Les AUT correspondent au groupe 4 de cette classification, où l’on retrouve par exemple les céréales de petit-déjeuner, les plats prêts à l’emploi, de nombreuses préparations de boulangerie et de boucherie industrielles, le fast-food et même les préparations pour nourrissons !
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Les édulcorants de synthèse associés à un risque accru de dépression
Le risque accru de dépression en lien avec les AUT a déjà été mis au jour chez les jeunes . Cette nouvelle étude (1) s’appuie cette fois sur une vaste cohorte de près de 32 000 femmes âgées de 42 à 62 ans. D’entrée, les chercheurs constatent que les participantes consommant le plus d’AUT présentent, sans grosse surprise, les index de masse corporelle les plus élevés, les prévalences les plus élevées de comorbidités liées au diabète, mais aussi sont aussi celles qui fument le plus et font le moins d’exercice physique.
En analysant l'apparition, au cours de l’étude, de 2122 cas de dépression au sens strict (diagnostic clinique et prise d’antidépresseurs) et de 4840 cas selon une définition élargie (diagnostic ou prise d’antidépresseurs), ils mettent en évidence une correlation significative entre la dépression et le fait de consommer des AUT. On pourrait bien sûr arguer qu’il existe une causalité inverse, la tendance à la dépression pouvant pousser à une consommation accrue de malbouffe. Mais l’étude des données dans le temps (à 4 ans d’intervalle) et l'isolation des différents facteurs semble réfuter cette hypothèse, selon les auteurs.
Il ressort par ailleurs d’une analyse approfondie que ce sont en particulier les niveaux de consommation les plus élevés d’édulcorants artificiels (dans les plats solides comme dans les boissons) qui sont associés au niveau de risque le plus élevé constaté au sein de la cohorte.
Un début d’explication de cette influence néfaste des AUT et des édulcorants artificiels tout spécialement, résiderait dans une augmentation de la transmission (ou signalisation) purinergique dans le cerveau, laquelle est un facteur d’inflammation couramment associé à la dépression, mais aussi à l’épilepsie, à la maladie d’Alzheimer ou encore aux maux de tête chroniques.
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Références bibliographiques
« Consumption of Ultraprocessed Food and Risk of Depression», Psychiatry, septembre 2023 –
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