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Perte de poids : de nombreux facteurs sous-estimés
Alors que se multiplient les conseils inadaptés et les injonctions parfois contradictoires pour maigrir, de nombreuses personnes se sentent en échec, pensant avoir « tout essayé » sans succès. Nous vous proposons, dans cet article, d’aborder différemment la question de la perte de poids, à partir d’une démarche fondée sur le cerveau, l’intestin et la mitochondrie.
Le processus est impitoyable : tout sucre rapide ingéré en excès est transformé en graisses qui finiront stockées dans le corps. Mais que faire lorsque l’envie demeure quotidienne ? Nous disposons d’un circuit nerveux de la récompense, appelé système hédonique, à l’origine nécessaire à la survie parce qu’il nous procure la motivation pour nos actions. Problème : les drogues savent pirater ce système. Le sucre en est une, comme le montrent des études maintenant bien connues sur les rats développant, après privation, un comportement anxieux caractéristique d’un syndrome de manque. Le sucre semble activer le même circuit cérébral de récompense que les drogues dures, emmené par le neurotransmetteur dopamine qui génère plaisir et sentiment de satiété. Le neurotransmetteur Gaba en est l’inhibiteur. De nombreuses drogues agissent en bloquant les récepteurs au Gaba, ce qui augmente la libération de dopamine. La sérotonine, grande régulatrice de l’humeur, permet quant à elle de supporter les frustrations.
Pulsions sucrées : et si c’était à cause des neurotransmetteurs ?
Certains neurotransmetteurs régulent nos comportements, y compris alimentaires, en permanence. Alors avant de nous accuser de manquer de volonté, avons-nous vérifié que nos neurotransmetteurs fonctionnent en bon ordre ?
Des neurotransmetteurs peuvent manquer à l’appel et ce, pour différentes raisons :
- il manque des ingrédients (acides aminés, vitamines, minéraux, oligo-éléments) ou parce qu’ils sont anormalement déviés vers un autre usage
- ils ne parviennent pas à se fixer sur les récepteurs cellulaires obstrués par des molécules qui n’ont rien à y faire comme les perturbateurs endocriniens ;
- ils ont du mal à entrer dans la cellule ou à passer d’un neurone à l’autre. La faute au manque d’acides gras oméga-3 marin (EPA et DHA), nécessaires à la souplesse des membranes, à la sensibilité des récepteurs et à l’acheminement des neurotransmetteurs
- les entrées et sorties de ces neurotransmetteurs font intervenir des ions (minéraux électriquement chargés), notamment du magnésium. Là encore, une membrane rigide peut contrarier leurs mouvements
- enfin, saviez-vous que 80 % de la sérotonine et 50 % de la dopamine sont produits par l’intestin ? Lorsque votre microbiote est déséquilibré, c’est un mauvais point pour l’axe intestin-cerveau et votre comportement alimentaire peut en pâtir.
Les pulsions sucrées de fin de journée sont typiques d’un déficit en sérotonine, incitant le cerveau à demander du sucre. Hélas, seule une petite partie du sucre sera utilisée à cet escient, le reste se retrouvant stocké sous forme de graisse. De plus, la sérotonine produite dans ces conditions dure moins longtemps, ce qui nous conduit à reprendre du sucre régulièrement. Une erreur courante de chronobiologie est de ne pas manger de protéines à la mi-journée. Votre organisme, en manque d’acides aminés essentiels, ne pourra pas produire de sérotonine et vous demandera du sucre en soirée où la sérotonine est très active. D’où l’importance de consommer les aliments adéquats et au bon moment de la journée. Le problème peut être profond et impliquer d’autres neurotransmetteurs. Il existe des dosages qui permettent aux professionnels de santé de corriger avec précision.
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Micronutriments régulateurs : la solution saine
- La vitamine D agit sur les cellules bêta du pancréas et sur l’expression des gènes de la sensibilité à l’insuline.
- Le zinc intervient à tous les niveaux du métabolisme de l’insuline.
- Les oméga-3 marins (EPA et DHA) optimisent la sensibilité des récepteurs à l’insuline.
- Le chrome et le magnésium sont nécessaires à l’activité de la tyrosine kinase qui permet l’entrée du glucose dans la cellule.
- Les vitamines B1, B5 et le DHA sont indispensables à l’acheminement du pyruvate (glucose) dans la mitochondrie.
- En cas de carences, ne pas utiliser le sucre qui entraînerait plus d’insuline avec un risque de syndrome métabolique, de diabète ou d’obésité.
Microbiote et métagénomique : une piste pour l’avenir
Les quantités de graisses et de sucres extraites du bol alimentaire dépendent, entre autres, des familles bactériennes que nous hébergeons dans l’intestin. Une dysbiose (déséquilibre du microbiote) peut donc anéantir nos efforts pour perdre du poids. D’autant que le microbiote intervient aussi dans la régulation de la satiété. Les cellules endocrines de l’intestin (CEE) produisent des hormones satiétogènes telles la cholécystokinine, le peptide glucagon-like 1 (GLP-1) et le peptide YY. On trouve des récepteurs à ces hormones tant sur les cellules digestives que cérébrales. Cette signalisation est déficitaire dans l’obésité.
Le microbiote interagit avec les CEE, et la nature de cette interaction dépend de l’alimentation. Il existe donc une relation triangulaire cellules-bactéries-aliments. Chaque CEE dispose de récepteurs spécifiques aux différents nutriments, entraînant la production d’hormones qui agissent sur l’appétit et la dépense énergétique. La recherche travaille activement à la mise au point de médicaments et de compléments alimentaires qui exploitent ces mécanismes, notamment dans la prise en charge de l’obésité et du syndrome métabolique.
Concernant l’obésité, les études publiées jusqu’ici s’accordaient sur un microbiote insuffisamment diversifié, avec un déséquilibre entre les deux grandes familles, les Firmicutes et les Bacteroïdetes. Depuis peu, le public a accès à des technologies de pointe fondées sur l’analyse génétique des selles qui permettent d’établir un profil du microbiote et des dysbioses d’une personne. Or de nombreuses familles, genres et espèces de bactéries sont désormais identifiés pour leur implication dans les pathologies de civilisation, ou inversement pour favoriser la santé. Le principal intérêt est de pouvoir proposer une diététique ciblée sur les bactéries à augmenter ou à diminuer, puisque nous entretenons les bactéries que nous nourrissons.
La grande famille des Firmicutes, dont les lactobacilles, produit des acides gras à chaîne courte (AGCC) qui sont le carburant des cellules de la muqueuse intestinale. Ils augmentent la production de GLP-1 (une hormone de premier plan dans la sensation de satiété) et contribuent à prévenir l’hyperperméabilité intestinale. Ils ont également un impact sur la régulation de la lipogenèse et la sensibilité à l’insuline. Sous les feux de la rampe, les bactéries Akkermansia muciniphila et Faecalibacterium prausnitzii, grandes productrices d’AGCC qui sont moins présentes chez les personnes obèses. Des taux bas sont associés à un risque accru de syndrome métabolique et de diabète de type 2, ainsi qu’à une mauvaise réponse à la restriction calorique. En revanche, les taux d’Akkermansia remontent sensiblement après une chirurgie bariatrique. Ce retour en première ligne de la bactérie semble participer à la perte de poids.
La présence d’Akkermansia muciniphila peut être augmentée par la consommation d’acides gras polyinsaturés (notamment oméga-3 de poisson), de polyphénols (présents principalement dans les baies et les fruits à couleurs vives) et, apparemment, la pratique du jeûne intermittent. En revanche, les édulcorants synthétiques et les additifs alimentaires industriels sont clairement à fuir.
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Une bactérie lactique à l’étude
En dépit du caractère pionnier des probiotiques dans la gestion du poids, la bactérie Lactobacillus gasseri s’est déjà forgé une réputation. On la retrouve depuis plusieurs années dans de nombreux produits naturels commerciaux destinés à la perte de poids. Comme souvent, les résultats concrets varient fortement selon la souche utilisée. Dans l’ensemble, L. gasseri augmente la taille des gouttelettes de graisse et réduit leur absorption. Elle déconjugue les acides biliaires, ce qui augmente l’évacuation des excédents de graisses. Cerise sur le gâteau, L. gasseri semble agir positivement sur le stress. Quand on sait la relation entre stress et surpoids, ce détail est le bienvenu.
Faut-il vraiment faire du sport ?
À ceux que le mot « sport » effraie, sachez qu’un exercice physique régulier est suffisant pour entretenir sa santé. Quelle que soit l’activité, il est important qu’elle demeure un plaisir. La motivation et les résultats s’ensuivront. Veillez cependant à ne pas trop en faire, pour éviter un excès de radicaux libres ou une oxygénation perturbée des cellules intestinales.
Il est acquis qu’une activité physique régulière couplée à une diététique adaptée est plus efficace pour perdre du poids que la diététique seule. Le secret : mettez vos mitochondries au travail ! Les mitochondries sont nos petites centrales énergétiques qui à chaque instant, au cœur des cellules, brûlent des sucres, des graisses et de l’oxygène pour produire de l’énergie. Saviez-vous que lors d’un effort sportif, vous sélectionnez les meilleures mitochondries ? Celles qui sont en fin de vie ou dysfonctionnelles sont impitoyablement éliminées au profit des plus efficaces. Des mitochondries en forme, c’est aussi un métabolisme plus efficace. Traduisez : on brûle plus facilement pour un meilleur tonus général.
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Ce n’est pas le cardio (running, tapis de course, vélo elliptique…) qui va vous faire perdre du poids ; il faut se muscler, avec des exercices adaptés à chacun, et avec patience. Pour répondre aux efforts, votre organisme produira davantage d’hormones de croissance qui favoriseront la production de tissus musculaires, au détriment des tissus graisseux. Idéalement, cardio et musculation sont nécessaires : donc faire un peu de cardio après la musculation devrait vous aider à vous affiner.
Mangez lentement
Pensez à mastiquer et prendre le temps de manger. Tout au long du tube digestif sont disposées des balises de signalisation qui informent le cerveau sur l’avancée de la digestion. L’objectif est double : produire en quantité suffisante les enzymes digestives adaptées à ce que vous êtes en train de manger, puis réguler la satiété pour ne pas trop manger. Si vous mangez trop vite, ces signaux n’ont pas le temps de produire leurs effets. À la clé : une digestion laborieuse et une consommation d’aliments excédant vos besoins réels.
En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Alternative Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé
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